Combattre le « pas dans ma cour » : outils et exemples de réussites

11 Août 2022

Leah Blunden, CHRA Communications Manager

En avril dernier, le Congrès national 2022 de l’ACHRU a présenté une intéressante série de rencontres plongeant dans certains des plus importants enjeux auxquels le secteur du logement et de l’itinérance doit faire face. Parmi celles-ci, les conférenciers, Stéphan Corriveau, directeur général du Centre de transformation du logement communautaire, Simone Lilly, gestionnaire de l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance de St. John’s, et Rebecca Siggner, gestionnaire à la recherche de BC Housing se sont joints à nous pour discuter de la question complexe du « pas dans ma cour ». Ils ont présenté des ressources pour aider les fournisseurs de logement hors marché et les autres intervenants à répondre à quelques-unes des questions les plus fréquentes soulevées par les voisins et les autres membres de la collectivité. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus.

 

Demeurer zen et l’art de surmonter le « pas dans ma cour »

Stéphan Corriveau, directeur général, Centre de transformation du logement communautaire

Le Centre de transformation du logement communautaire est une organisation sans but lucratif qui travaille avec les organismes de logement à travers le pays pour propulser la transformation, la durabilité et la croissance dans le logement communautaire. L’opposition du « pas dans ma cour » aux projets de logements abordables représente l’un des principaux défis auxquels font face les fournisseurs de logements communautaires lorsqu’ils projettent de nouveaux ensembles d’habitation.

Convaincre une collectivité d’embarquer dans un projet de développement de logements abordables peut être délicat, mais des membres de cette collectivité s’avèrent souvent d’une grande aide pour élargir l’appui au projet. Pour contrer le « pas dans ma cour », il est important de cartographier l’écosystème de la collectivité, d’identifier vos alliés au sein de l’environnement, et de comprendre à la fois vos alliés et vos adversaires – leurs préoccupations et leurs motivations. Une fois vos alliés connus, vous pouvez commencer à développer leur appui, leur demander de vous aider à élargir vos sympathisants et à agir comme défenseurs du projet. Vous voulez aussi joindre les politiciens locaux et les médias, leur donner des informations positives sur le projet et les diriger vers des alliés et des spécialistes pour obtenir des commentaires.

Construisez votre argumentaire pour le développement : penser aux résultats positifs pour les locataires et plus largement pour la collectivité ; faites valoir des ensembles résidentiels qui ont été des succès ; soyez certains d’avoir les données et les témoignages pour soutenir vos exemples. Allez de l’avant dans vos efforts pour obtenir l’engagement de la collectivité avec empathie, transparence, proactivité et leadership et soyez préparé à débattre avec des spécialistes et à répondre par des faits solides sur les bienfaits que le projet apportera dans la collectivité. Par-dessus tout, vous devez garder le contrôle sur le discours. Répondez à l’opposition alarmiste par des faits et restez-en à vos messages clés.

 

Le « pas dans ma cour » à St. John’s et les outils pour le contrer

Simone Lilly, gestionnaire, investissements communautaires End Homelessness St. John’s

Un ménage sur quatre vit des défis liés à l’abordabilité du logement à St. John’s Terre-Neuve, malgré une relativement petite collectivité de moins de 110 000 personnes. Un taux élevé de propriétaires par rapport aux locataires, un taux élevé de propriétaire provenant de l’extérieur, une longue liste d’attente pour le logement social et un système complet de refuges signifient que les besoins en logement ne sont pas comblés pour les populations les plus vulnérables.

St. John’s connaît un besoin urgent de nouveaux logements abordables, diversifiés et incluant des modèles appropriés pour des populations vulnérables. Le « pas dans ma cour » y est assez répandu et il nuit à la croissance de l’offre de logements. Les principales préoccupations portent sur les préjugés autour des complexes de logements abordables : diminution de la valeur des propriétés, augmentation des crimes et transformation du quartier. Les organismes de logement social ont connu certains succès dans la lutte contre ces idées avec des campagnes de porte à porte, en étant accessibles pour répondre aux questions de la collectivité, en réservant une place sur le conseil d’administration pour un représentant de la communauté, en s’assurant de l’intégration du complexe dans le voisinage et en maintenant une présence forte à toutes les phases du projet.

Un outil pour contrer le « pas dans ma cour » (en anglais) a été développé en partenariat avec la Canadian Home Builders’ Association Newfoundland and Labrador, la SCHL, le Newfoundland Housing and Homelessness Network, la ville de St. John’s et le comité consultatif communautaire de St. John’s sur l’itinérance. Cet outil regroupe les meilleures pratiques venant d’ailleurs au Canada et les expériences originales récentes de Terre-Neuve-et-Labrador. Un partenariat similaire de plusieurs organisations a aussi produit une campagne dans les médias sociaux pour déboulonner les mythes les plus fréquents sur le logement abordable qui alimentent le « pas dans ma cour » et encourager les personnes à réfléchir à leurs propres perceptions ou convictions.

 

Outil sur les avantages communautaires du logement avec services de soutien

Rebecca Siggner, gestionnaire, recherche, à BC Housing

Des projets de logements supervisés font souvent face à des questions de personnes qui sont préoccupées par les impacts de ce projet sur la collectivité. L’efficacité du logement supervisé pour combattre l’itinérance est appuyée sur des recherches, mais il y a aussi des preuves des effets positifs de ce type de logement sur l’ensemble de la population. Le centre de recherche de BC Housing a créé un outil, le Community Benefits of Supportive Housing (en anglais), qui répond aux principales préoccupations de la population et démontre les avantages pour la collectivité de ce type de logement.

Les caractéristiques de l’outil sont les suivantes :

  • des infographies faciles à lire et un question-réponse qui résument simplement de longues recherches sur le logement supervisé en messages accessibles pouvant être utilisés pour différents publics et différents moyens de communication (médias sociaux, sites Web, présentations, documents, etc.) ;
  • un ensemble de sources, incluant des rapports de gouvernements, d’organisations de recherches et d’universités ;
  • des recherches citées avec des liens qui permettent aux lecteurs de vérifier par eux-mêmes la méthodologie ou d’autres éléments ;
  • des références à plus d’une source, quand c’est possible, pour valider la recherche et les éléments présentés.

L’outil met l’accent sur les recherches en C.-B., mais il pourrait être adapté dans d’autres régions en utilisant les recherches locales.

L’outil couvre aussi d’éventuelles questions de la collectivité comme :

  • Est-ce que le logement supervisé affectera la valeur des propriétés environnantes ?
  • Est-ce couteux pour les contribuables ?
  • Est-ce que cela va changer mon voisinage ?
  • Est-ce qu’il y aura un impact sur les écoles autour ?
  • Est-ce que ces logements supervisés autorisent les résidents à consommer des drogues ?
  • Comment ce projet contribue-t-il à l’économie locale ?

Trouver des façons de faire face au « pas dans ma cour » est une préoccupation constante des fournisseurs de logement abordable. Beaucoup de travail a été fait pour les aider à y faire face avec des faits, des relations personnelles et de l’engagement dans la collectivité. Nous vous invitons à cliquer sur les liens vers des ressources que comprend cet article pour en savoir plus.

 

Ce texte a été écrit en collaboration avec les personnes-ressources du Centre de transformation du logement communautaire, d’End Homelessness St. John’s, et de BC Housing présentes à la rencontre du congrès 2022.