COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Conséquences de ses demi-mesures, le Budget 2023 ne répond pas adéquatement à la crise du logement
(28 mars 2023) – Aujourd’hui, la vice-première ministre et ministre des Finances a déposé le Budget 2023 du fédéral, faisant référence à l’engagement de rendre le logement plus abordable et plus accessible pour les Canadiens.
L’ACHRU sait que le Canada se trouve dans une période d’incertitude économique, et que naviguer dans ce contexte n’est pas chose facile. L’inflation demeure élevée, et le gouvernement est prudent en ce qui concerne les nouvelles dépenses. Au même moment, des personnes de tout le pays font face à une crise de l’abordabilité.
Un élément clé de cette crise est le coût et l’accessibilité du logement. Le Canada doit plus que doubler son parc de logements communautaires abordables pour s’aligner sur les autres pays de l’OCDE, faire face à la demande et stabiliser le marché du logement locatif. Cela signifie que des investissements gouvernementaux importants sont nécessaires pour atténuer la crise de l’habitation, particulièrement dans ses impacts sur les salariés aux revenus faibles et modestes et sur les Autochtones.
La création de la Stratégie nationale du logement et la reconnaissance du droit au logement ont représenté des pas importants pour faire face à la crise de l’habitation. Les engagements pris par le gouvernement fédéral dans ses budgets successifs en vue d’accroître le financement des programmes de la Stratégie nationale du logement destinés à augmenter le parc de logements abordables du pays ont également constitué des engagements politiques importants et bienvenus.
Cela dit, compte tenu de l’augmentation récente des coûts liés à la création de logements, les fournisseurs de logements à but non lucratif et coopératifs doivent assumer une part disproportionnée de ces coûts. Le budget de cette année nécessitait des investissements importants pour faire face à l’augmentation des coûts du logement et résoudre la crise du logement.
À la place, le Budget 2023 comprend des demi-mesures pour faire face à cette crise.
Adopter des demi-mesures entraine des conséquences. Le manque d’investissement dans l’habitation du Budget 2023 signifie que le Canada est mal équipé pour faire face à la crise du logement.
Bien que l’ACHRU soit heureuse de voir 4 milliards de dollars sur sept ans affectés à mettre en place une stratégie codéveloppée du logement autochtone en milieux urbain, rural et nordique (URN), le montant du financement est terriblement insuffisant pour faire face aux besoins actuels.
Selon le Conseil national du logement, nommé par ce gouvernement, 56 milliards de dollars seront nécessaires au cours des dix prochaines années pour remédier à la pénurie actuelle de logements autochtones URN et protéger spécifiquement ceux et celles qui en ont le plus besoin en s’attaquant aux problèmes d’accessibilité financière.
En outre, l’intention de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) de mettre en œuvre une stratégie de logement autochtone URN ignore les engagements passés, y compris dans la lettre de mandat du ministre Hussen, de fournir ce financement par l’intermédiaire d’un centre national de logement dirigé par des autochtones.
Depuis le lancement de la stratégie nationale pour le logement en 2017, une stratégie dédiée au logement autochtone en milieux URN reste une promesse en suspens et en retard. Le premier ministre Trudeau s’est engagé à combler cette lacune en soutenant une stratégie de logement autochtone URN à l’approche des élections fédérales de 2019 et de 2021. Le budget 2022 prévoyait un engagement de financement de 300 millions de dollars, soit à peine 0,54 % du montant requis. À ce jour, aucun montant provenant de cet argent n’a permis de fournir un logement abordable à une seule personne autochtone.
« Les populations autochtones des milieux urbains, ruraux et nordiques sont confrontées à des niveaux disproportionnés d’itinérance et de logements inadéquats, et un financement approprié est nécessaire pour répondre à ces besoins urgents. Comme le stipule la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, tous les Autochtones ont droit à un logement et ne devraient pas être soumis à la discrimination. Le Conseil national du logement du ministre lui-même a demandé un investissement nettement plus élevé et le directeur parlementaire du budget a étudié et signalé un besoin nettement plus grand. En outre, il n'est pas évident que l'approche mentionnée soit une approche, mais il semble plutôt qu'elle poursuive des pratiques coloniales. Compte tenu de la crise actuelle du logement et de l'itinérance, le programme de mise en œuvre est douteux et n'aidera pas les personnes qui ont besoin d'aide aujourd'hui. Bien que nous soyons encouragés par l'annonce du budget, nous avons encore besoin d'une action urgente et constructive. Il est temps que le gouvernement du Canada prenne des mesures urgentes pour répondre aux besoins des Autochtones vivant dans les milieux urbains, ruraux et nordiques et qu’il travaille à un avenir où tous les Autochtones auront accès à des logements sûrs, adéquats et abordables ». Justin Marchand, directeur général, Ontario Aboriginal Housing Services Corporation et directeur, communautés autochtones, conseil d’administration de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine.
De nombreux projets de logements abordables dépendent du Fonds national de co-investissement dans le logement (FNCIL) de la Stratégie nationale du logement. Au cours de l’année écoulée, la hausse des taux d’intérêt et des coûts de construction, conjuguée à une diminution spectaculaire des subventions disponibles par l’intermédiaire du FNCIL, a rendu beaucoup plus difficile, et dans certains cas impossible, la création de logements abordables à l’aide des programmes de la Stratégie nationale sur le logement.
Une injection de 4 milliards de dollars par année est requise pour permettre au FNCIL de demeurer viable dans l’environnement économique actuel.
Le budget 2023 n’a pas alloué un seul nouveau dollar au Fonds de co-investissement. Au lieu de cela, le gouvernement a signalé son intention de réaffecter les fonds existants du volet réparation du FNCIL au volet construction, mettant ainsi en péril les logements abordables existants. Cette ligne de conduite garantit que le Canada prendra encore plus de retard dans la lutte contre la crise du logement.
L’ACHRU fait appel au gouvernement pour faire rapidement des demi-mesures incluses dans le Budget 2023, des mesures à part entière, en trouvant un moyen de fournir le montant de financement nécessaire pour répondre à la demande. À défaut, la crise du logement continuera de s’aggraver.
Le secteur du logement abordable est prêt et souhaite travailler en partenariat avec le Gouvernement du Canada pour mettre fin à cette crise et assurer le droit au logement dans tout le Canada.
« L’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine représente des centaines de leaders du logement communautaire : des spécialistes qui ont une expérience pratique sur le terrain et qui font en sorte que le logement devienne une réalité dans leurs communautés. Le secteur du logement communautaire a des solutions à la crise du logement et il est prêt à travailler avec le gouvernement du Canada pour faire en sorte que tout le monde ait un endroit où se sentir chez soi. Pour ce faire, nous avons besoin que le gouvernement donne à notre secteur des occasions de contribuer, notamment par le financement des immobilisations et la coconception de programmes. » – Ray Sullivan, directeur général, ACHRU.
Pour plus d’information, communiquez avec Jacob Gorenkoff, directeur par intérim, politiques et relations gouvernementales :
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