En avril dernier, les sessions du Congrès national 2024 de l’ACHRU ont approfondi les questions urgentes auxquelles est confronté le secteur du logement et de l’itinérance au Canada. Les conférenciers Abe Oudshoorn, Ph. D., professeur agrégé, doyen associé par intérim de la faculté des sciences de la santé de l’Université de Western et titulaire de la chaire sur le leadership infirmier en matière d’équité en santé de la famille Arthur Labatt, Curtis Whiley, fondateur de la fiducie foncière Upper Hammonds Plains, et Brett Wolfson-Stofko, Ph. D, gestionnaire des services de santé et de la réduction des risques pour Homes First Society, se sont joints à nous pour discuter des moyens novateurs de créer des logements inclusifs et de s’attaquer aux causes profondes de l’itinérance. Lisez la suite pour en savoir plus.

 

Cinq mesures transformationnelles pour mettre fin à l’itinérance au Canada

 Abe Oudshoorn, Ph. D, professeur agrégé, doyen associé par intérim de la faculté des sciences de la santé de l’Université Western et titulaire de la chaire sur le leadership infirmier en matière d’équité en santé de la famille Arthur Labatt

 Peu d’approches visant à atténuer ou à résoudre la crise dévastatrice de l’itinérance au Canada l’ont abordée comme un problème structurel par le biais de solutions fondées sur des politiques. Des problèmes sanitaires et sociaux complexes et une mauvaise infrastructure de logement sont quelques-uns des innombrables facteurs qui contribuent à l’itinérance.

Le projet de recherche Ontario’s Homelessness Plan, financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), rassemble une vaste équipe de personnes, chercheuses, militantes et ayant vécu l’itinérance, afin d’élaborer un cadre global à long terme, fondé sur une approche des droits de la personne, pour mettre fin à l’itinérance et la prévenir au Canada. La collecte de données comprenait des entretiens avec des spécialistes, des responsables politiques, des prestataires de services, des universitaires et des activistes, ainsi qu’une analyse des politiques et de la littérature concernant la recherche et les stratégies locales, nationales et internationales visant à prévenir et à mettre un terme à l’itinérance.

Les données ont identifié cinq mesures politiques clés et la manière dont celles-ci peuvent transformer l’action au Canada pour prévenir et mettre fin à l’itinérance :

• Augmenter l’aide au revenu de façon à sortir les gens de la pauvreté. Pour cela, mettre en place un revenu de base garanti qui est accessible, fiable et conforme à la déclaration consensuelle sur le revenu de base universel (RBU).
• Mettre en œuvre une accessibilité au logement gérée grâce à un contrôle efficace des loyers qui est complet, cohérent, prévisible, continu et réfléchi.
• Assurer la stabilité du développement d’une nouvelle offre de logements très abordables, sous la forme de logements publics.
• Créer un environnement de politique du logement axé sur la densification afin de garantir le développement de logements locatifs à haute densité avec un niveau d’accessibilité fixé par la loi.
• Mettre en place un système de soutien pour à la fois faciliter le relogement et aider les personnes à conserver leur logement afin de garantir que les épisodes d’itinérance soient rares et brefs.

L’étude affirme que la mise en œuvre de ces solutions politiques rapprochera le Canada d’un avenir meilleur où le logement est un droit pour toutes les personnes et où l’itinérance est évitée.

Pour en savoir plus sur cette recherche en cours.

 

La transformation au cœur de l’action : Le pouvoir des fiducies foncières dans les communautés africaines de la Nouvelle-Écosse

Curtis Whiley, fondateur, fiducie foncière communautaire Upper Hammonds Plains

La fiducie foncière communautaire Upper Hammonds Plains (FFCUHP) est une FFC axée sur le logement abordable et dirigé par la communauté, qui dessert une collectivité historiquement africaine de Nouvelle-Écosse. Elle offre aux résidents d'Upper Hammonds Plains (UHP) la possibilité d'accéder à des logements locatifs abordables et à la propriété grâce à des conceptions de logement axées sur les personnes.

Une grande partie de la première vague de réfugiés noirs de la guerre de 1812 arrivant en Nouvelle-Écosse s'est heurtée au racisme de la collectivité locale. Elle s'est installée sur des terrains de mauvaise qualité comme UHP, avec des droits fonciers précaires. Cette situation a contribué à des disparités raciales de longue date en matière de richesse, de pauvreté et de croissance économique basée sur la terre pour la communauté africaine de la N.-É. Le racisme anti-noir et la déresponsabilisation ont rendu la communauté vulnérable à l'expropriation des terres par le gouvernement.

Aujourd'hui, la collectivité d’UHP est confrontée à des défis tels que l'acquisition de terres par des promoteurs extérieurs et l'augmentation générale du coût de la vie, qui a entraîné le déplacement de nombreux jeunes. Actuellement, seulement 38 % des terres d'UHP appartient à des membres de la communauté ayant des liens ancestraux avec les premiers colons.

La FFCUHP a participé au défi des Laboratoires de solutions de la SCHL, en se concentrant sur les moyens d'accroître son impact potentiel sur l'UHP et sur les communautés africaines plus larges de N.-É. en explorant les obstacles au niveau du système et leurs implications pour le développement de la fiducie foncière. Avec 85 participants à 15 ateliers en personne, la FFCUHP a suivi un processus de co-conception afin d'imaginer des possibilités pour l'organisation.

Les personnes présentes sont passées par les phases de découverte, de développement et de planification de prototypes pour définir les priorités, les stratégies, les prochaines étapes, et bien d'autres choses encore. Le processus de Laboratoires de solutions a également aidé la FFCUHP à définir des valeurs pour guider la prise de décision au sein de l'organisation :

1. Partager les connaissances
2. Créer une famille
3. Habiliter les générations futures
4. Prendre soin de la collectivité
5. Décider ensemble
6. Chérir l’héritage collectif
7. Insister sur l'équité et refléter l'africanité néo-écossaise

La FFCUHP s'est également engagé à établir des relations avec la collectivité Mi'kmaq locale et à travailler avec elle.

Pour en savoir plus sur le processus du laboratoire de solutions de la FFCUHP, ses valeurs et sa vision de l'avenir.

 

Ne pas loger la mort : Mise en œuvre de stratégies de réduction des risques dans les refuges, les hôtels-logements et les logements supervisés afin d’améliorer la sécurité des résidents

Brett Wolfson-Stofko, Ph. D., directeur de la réduction des risques et des services de santé, Homes First Society

Homes First est une organisation torontoise qui vient en aide à plus de 2 500 clients. Elle gère neuf refuges, 15 immeubles de logements avec services de soutien, deux immeubles de logements avec services de soutien 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et deux programmes de suivi spécialisés afin de maintenir les clients logés et de briser le cycle de l’itinérance.

Homes First comprend que de nombreuses personnes utilisent des drogues pour s’automédicamenter afin de faire face à des traumatismes passés. L’organisme considère aussi que l’approvisionnement imprévisible en drogues illicites est la principale cause des décès par overdose. Par conséquent, Homes First opère dans une perspective de réduction des risques qui accepte les personnes telles qu’elles sont et leur fournit le soutien et les références nécessaires pour les garder en bonne santé et en vie afin qu’elles puissent accéder à un traitement, obtenir un logement et poursuivre leurs objectifs. Toutes les stratégies de réduction des risques mises en œuvre sont étayées par la recherche et sont collectivement efficaces pour réduire la transmission du VIH et du VHC, diminuer les appels aux services médicaux d’urgence et les hospitalisations, prévenir les décès par overdose et augmenter le recours aux services de santé et au traitement de la toxicomanie, tout en n’augmentant pas la criminalité ou la consommation de drogues au sein de la communauté. Les stratégies de réduction des risques de Homes First sont les suivantes :

• un accès 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, sans barrière, à des fournitures de réduction des risques (kits d’aiguilles, kits pour fumer et naloxone).
• Formation du personnel à l’utilisation de la naloxone, des oxymètres de pouls et de l’oxygène en cas d’overdose.
• Former les clients à l’utilisation de la naloxone
• Effectuer des visites régulières des sites afin de trouver les clients victimes d’overdose et d’intervenir auprès d’eux
• Créer des plans de sécurité individualisés en collaboration avec les clients afin d’améliorer la sécurité.
• Mise en relation des clients avec les programmes de méthadone, de buprénorphine et d’approvisionnement plus sûr.

Homes First accueille également sur place des cliniques de soins primaires, une pharmacie et un site de prévention des overdoses avec un lieu intérieur hygiénique pour l’injection de drogues, à l’abri des regards et sous la supervision d’un personnel formé. La co-localisation de ces services de santé et de soutien permet de réduire les obstacles et d’améliorer l’accès. Homes First collabore également avec des organismes communautaires de réduction des risques qui apportent un soutien supplémentaire aux clients.

Pour en savoir plus sur les programmes et services de Homes First.

 

Ce billet a été rédigé en collaboration avec les présentateurs de la session Abe Oudshoorn, Curtis Whiley et Brett Wolfson-Stofko.