Logement respectueux de l’identité sexuelle pour les jeunes et les jeunes adultes 2SLGBTQ
29 Juin 2023
Guest Author
En avril dernier, le Congrès national 2023 de l’ACHRU a présenté une gamme étonnante de séances qui ont approfondi certains des plus grands enjeux auxquels le secteur du logement et de l’itinérance au Canada est confronté. Les conférenciers Alex Abramovich, chercheur scientifique, Institute for Mental Health Policy Research au Centre for Addiction and Mental Health (CAMH) ; Andrew Hartman, fondateur, Psystem et chef de projet, Université de la Saskatchewan ; et Jennifer White, directrice générale, Youth Outreach and Intervention au YMCA du Grand Toronto, se sont joints à nous pour discuter des besoins particuliers en matière de logement des jeunes et des jeunes adultes 2SLGBTQIA+. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus.
Mieux comprendre l’itinérance des jeunes et des jeunes adultes 2SLGBTQIA+.
Alex Abramovich, chercheur scientifique, CAMH et professeur adjoint, Université de Toronto
Ces dernières années, tous les ordres de gouvernement ont manifesté un intérêt accru pour comprendre les expériences des personnes 2SLGBTQIA+ en matière de santé, de logement et d’itinérance au Canada. Les jeunes 2SLGBTQIA+ représentent une part disproportionnée des personnes en situation d’itinérance, puisqu’ils forment 25 à 40 % de cette population. Les conflits familiaux concernant l’identité 2SLGBTQIA+ sont la cause la plus fréquente de l’itinérance chez les jeunes queers et trans.
Le soutien par les pairs est salvateur dans leurs cas. Au cours des huit dernières années, un petit nombre de programmes de logement visant cette population, notamment des logements supervisés, des logements de transition et des maisons d’accueil, tous conçus pour répondre aux besoins spécifiques des jeunes 2SLGBTQIA+, ont vu le jour au Canada. Cependant, ces programmes ont fait l’objet de peu d’évaluations rigoureuses à ce jour. Il en faudrait davantage pour fournir aux responsables politiques et aux décideurs des données concrètes sur leur efficacité.
Dans les enquêtes, les résidents ont exprimé que le fait de vivre dans un foyer 2SLGBTQIA+ (dans ce cas, YMCA Sprott House, Toronto, Ontario) leur avait donné un sentiment d’appartenance et de communauté qu’ils n’avaient jamais connu auparavant. Après un an de vie à Sprott House, les taux de chômage ont diminué et les taux d’inscription à l’école ont augmenté parmi les résidents. Les jeunes ont apprécié la possibilité de se loger en compagnie du personnel de Sprott House qui, dans de nombreux cas, s’identifiait également comme 2SLGBTQIA+ et partageait leurs expériences de vie. Le personnel s’est réjoui de l’espace sûr et positif que Sprott House a créé pour ses résidents.
Les programmes de logement basés sur cette population sont une partie essentielle de la solution, mais ils ne peuvent résoudre tous les problèmes rencontrés par les jeunes 2SLGBTQIA+ ; tous ces programmes et organisations doivent faire le travail nécessaire pour que ces logements deviennent réellement des espaces sûrs, inclusifs et affirmatifs pour tous les jeunes. Pour ce faire, les fournisseurs de logements doivent consulter les jeunes 2SLGBTQIA+ pour comprendre leurs besoins, fournir au personnel une formation obligatoire sur leur inclusion, et développer des services qui favorisent une approche intersectionnelle du logement et des services.
Pride Home: Le foyer à long terme du groupe de jeunes 2SLGBTQIA+ de OUTSaskatoon
Andrew Hartman, fondateur, Psystem et chef de projet, Université de Saskatchewan
OUTSaskatoon fournit aux personnes 2SLGBTQIA+ des soutiens et des services d’information inclusifs, notamment des conseils, un espace d’accueil, des ateliers éducatifs et des programmes d’accueil pour une variété de groupes, ainsi que des logements pour les jeunes queers et trans à Saskatoon et dans la région environnante. En 2017, OUTSaskatoon a ouvert Pride Home, le premier foyer de groupe à long terme 2SLGBTQIA+ au Canada, pour les jeunes de 16 à 21 ans.
Pride Home est un programme de logements comportant six chambres avec salles de bain privées et cuisine partagée, ainsi qu’un salon et une arrière-cour communs. Il s’agit d’un modèle de logement indépendant et assisté. Les résidents ont accès à des aides, mais n’y font pas appel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Les résidents ont un contrat de location avec une société de gestion immobilière professionnelle qui agit en tant que partenaire privé de Pride Home. Les jeunes paient une caution, un loyer et leur part des services publics, comme ils le feraient dans une maison partagée totalement indépendante. Les résidents couvrent leur loyer de différentes manières : par le biais du ministère des Services sociaux (s’ils ont 16-17 ans et sont scolarisés), du programme d’aide sociale (18+), de la Saskatchewan Assistance Insurance for Disability, de leur propre emploi ou de l’aide de leur famille.
Les principes directeurs de la programmation de Pride Home sont les suivants : elle est dirigée par des jeunes, fondée sur des principes de réduction des risques et sur une pensée féministe et queer positive, et elle est antiraciste et non colonialiste. Les appuis quotidiens comprennent le soutien par les pairs, la programmation, les achats, la cuisine, le nettoyage, le transport, la navigation dans le système et l’autogestion. Les résidents doivent travailler en collaboration avec le personnel pour élaborer un plan d’action qui les aidera à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés, qu’ils soient liés à l’emploi, à l’éducation, à la santé, à la famille ou à la réinsertion sociale.
L’approche centrée sur les jeunes permet aux résidents d’apprendre, comprendre et exprimer leurs propres besoins. Les jeunes qui vivent à Pride Home tirent profit du développement de relations entre eux et avec le personnel, ce qui contribue à réparer les ruptures sociales et à construire un système de soutien au sein du foyer et de la communauté. Les compétences qu’ils acquièrent et le soutien qu’ils reçoivent à Pride Home les aident finalement à vivre de manière autonome dans leur communauté.
YMCA Sprott House – Le premier refuge de transition vers le logement 2SLGBTQIA+ de Toronto
Jennifer White, directrice générale, Youth Outreach and Intervention au YMCA du Grand Toronto
La Sprott House de Toronto, qui a ouvert ses portes en 2016, est l’un des premiers programmes d’hébergement transitoire pour jeunes 2SLGBTQIA+ au Canada. Elle propose 25 chambres individuelles avec salles de bain, lits, bureaux et mini-réfrigérateurs, un soutien du personnel 24 h/24 et 7j/7, deux cuisines partagées, un salon, une arrière-cour et un barbecue. La conception du programme a été influencée par les modèles Housing First for Youth & Foyer, qui mettent l’accent sur des séjours plus longs, un soutien coordonné, des liens avec la communauté, etc.
Sprott House fournit un logement gratuit et des aides pour des périodes de 12 à 24 mois (avec des prolongations possibles au cas par cas), une programmation spécifique aux 2SLGBTQIA+, un espace sans jugement, un soutien pour aller en toute sécurité dans d’autres établissements, et une connexion avec les communautés 2SLGBTQIA+ afin de favoriser un sentiment d’appartenance.
Les aides pratiques que fournit Sprott House comprennent la gestion de cas, des programmes sociaux, récréatifs et artistiques, le développement de compétences sociales, la défense des droits et une offre de références pertinentes, et un soutien lié à la consommation de substances, à la santé sexuelle, mentale et physique, ainsi qu’au marché de l’emploi et à la littératie financière.
Le YMCA de Toronto étudie actuellement la possibilité de développer un logement de transition abordable pour les jeunes 2SLGBTQIA+ au YMCA de Wagner Green. Cette nouvelle installation comprendra un ajout de six étages au bâtiment existant, avec une connexion intérieure, et offrira 31 unités résidentielles dont l’une sera destinée à un pair mentor/concierge. Les clients seront admissibles à un séjour de quatre ans maximum, jusqu’à l’âge de 29 ans.
Le développement proposé, de même que les programmes et services connexes s’appuieront sur les programmes gouvernementaux disponibles liés au logement et à l’itinérance, comblant ainsi une lacune dans les services (logement et programmation) pour les jeunes et jeunes adultes 2SLGBTQIA+. Les clients bénéficieront d’un accès à des soutiens généraux peu contraignants qui faciliteront les locations stables et une vie indépendante à une population mal desservie, donnant ainsi aux résidents les moyens d’être de bons locataires.
Répondre aux besoins particuliers des jeunes et des jeunes adultes 2SLGBTQIA+ est une composante essentielle de l’objectif visant à éliminer l’itinérance chez les jeunes au Canada. La création d’espaces, de programmes et de services sûrs et inclusifs constitue une composante vitale de ce travail. Bien que les programmes de logement pour les jeunes2SLGBTQIA+ soient relativement récents, les premières évaluations démontrent leur nécessité. Des programmes tels que Pride Home et Sprott House peuvent servir de modèles aux fournisseurs de logements et de refuges à travers le Canada.
Ce billet a été rédigé en collaboration avec les intervenants au congrès Alex Abramovich, Andrew Hartman et Jennifer White.