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Logement, emplois et résilience économique : la voie à suivre pour le Canada

27 Fév 2025

Ray Sullivan, Executive Director

Face aux menaces économiques et aux remises en cause de notre souveraineté par la Maison-Blanche, la population se démène pour trouver des moyens de créer une résilience économique et de se protéger contre l’instabilité à venir.

Regardons les choses en face : notre économie manquait de résilience avant Trump 2.0, et son retour au pouvoir ne fait qu’aggraver une situation déjà mauvaise.

Depuis des années, nous assistons à une crise du logement qui tire notre économie vers le bas. Les gros titres persistants sur le retard de la productivité et du PIB par habitant n’y sont pas étrangers. Le coût du logement a entraîné l’inflation, et le manque de logements abordables reste un grave problème économique.

Les ménages à revenus faibles et modestes ressentent la pression depuis des années. La pandémie et le choc économique qui en a résulté ont révélé et aggravé les fissures d’un système déjà fragile. Ces fissures se sont transformées en véritables ruptures.

Si vous vivez au jour le jour, vous avez probablement ressenti la pression sur vos coûts de logement en premier. Lorsque les taux hypothécaires et les loyers ont dépassé les niveaux de revenus, les familles ont eu du mal à s’en sortir. L’inflation alimentaire est devenue intolérable lorsque les loyers ont absorbé les revenus disponibles. De plus en plus de familles dépendent aujourd’hui des banques alimentaires et les personnes les plus vulnérables économiquement ont perdu leur logement, beaucoup d’entre elles étant contraintes de dormir d’un sofa à l’autre ou de vivre dans des tentes dans des parcs publics.

Malheureusement, nous sommes confrontés à une pénurie de logements abordables alors que les mises en chantier sur le marché privé sont en baisse. Le cycle d’expansion et de ralentissement de la construction résidentielle, sensible à l’inflation et aux coûts des matériaux, s’est avéré peu fiable pour garantir l’accès pour toutes les personnes à un logement abordable.

Trump n’a pas créé ces problèmes, mais son gouvernement va les aggraver.

Même si les droits de douane ne sont pas appliqués, leur simple menace aura des effets dévastateurs sur l’économie canadienne. Les entreprises hésiteront à investir, les usines ne se développeront pas et les travailleurs perdront leur emploi. Les sans-papiers fuiront les États-Unis, beaucoup viendront au Canada, et ils auront du mal à trouver emploi et logement. L’économie américaine, si profondément liée à la nôtre, s’enlisera, amplifiant l’inflation et les pertes d’emplois.

Nous avons deux défis à relever chez nous, et leurs racines sont antérieures à Trump : une pénurie de logements abordables et une faible productivité. Certaines solutions se recoupent, d’autres sont déjà sur la table depuis un certain temps, mais il faut maintenant mettre les bouchées doubles.

Tout d’abord, nous devons nous protéger contre le choc d’un réalignement économique rapide. Nous l’avons déjà fait, pendant la pandémie, lorsque l’économie mondiale s’est arrêtée. Mais cette fois, il n’y aura pas de retour à la « normale ». Le Canada doit définitivement cesser d’agir comme une succursale de l’économie américaine.

Pendant que nous nous adaptons, nous devons nous protéger contre les pires chocs économiques. Maintenir l’emploi et veiller à ce que les gens ne tombent pas dans de graves difficultés financières doivent être des priorités.

Une solution immédiate : construire plus de logements. Si le marché privé n’est pas en mesure de le faire, mettons les gens au travail pour construire des logements communautaires abordables. Le Logement Coopératif National Autochtone Inc. (NICHI) dispose de projets prêts à démarrer, d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars, qui n’attendent que l’investissement du gouvernement. Au cours de sa première année d’existence, le NICHI a distribué 280 millions de dollars à des fournisseurs de logements communautaires dirigés par des Autochtones, ce qui a permis de créer près de 3 800 logements pour des ménages autochtones. Chaque dollar investi dans le logement autochtone génère 7,40 dollars de retombées sociales et économiques. C’est un investissement qui sauve des vies et renforce notre économie.

Au-delà de NICHI, il existe dans tout le pays des projets de logements sociaux et de logements communautaires non marchands prêts à démarrer qui ont besoin d’un accès au capital. Plus rapidement encore, nous pouvons investir dans la rénovation des logements communautaires vieillissants, dont près de 20 % sont en « mauvais » état. Ces rénovations permettraient d’injecter des milliards de dollars dans l’économie, de maintenir les gens dans leur logement et de prolonger la durée de vie de notre parc de logements abordables.

Protéger les ménages à revenus faibles et modestes du choc économique immédiat doit également être une priorité. Les pertes d’emploi et la hausse des loyers pourraient pousser de nombreuses familles au bord du gouffre. La perte d’un logement à loyer modéré aujourd’hui pourrait se traduire par une augmentation de plusieurs centaines de dollars du coût du logement, si tant est qu’il soit possible de trouver un nouveau logement. Nous avons besoin d’une solide banque de loyer d’urgence et d’un programme national d’aide au logement pour prévenir l’itinérance.

Nous devons également stabiliser les loyers et protéger les locataires en aidant les organisations à but non lucratif et les coopératives à acquérir des logements locatifs privés existants. Un fonds d’acquisition fédéral pourrait contribuer à préserver l’accessibilité et à protéger les locataires contre le déménagement.

Au-delà de la crise immédiate, nous devons construire une résilience économique à long terme. Une stratégie essentielle : doubler l’offre de logements communautaires. Dans ce cadre, nous devons quadrupler l’offre de logements communautaires pour les Autochtones et par les Autochtones. En augmentant la part des logements communautaires de seulement 2 %, nous pourrions stimuler la productivité économique de plus de 5 %, ce qui se traduirait par une augmentation du PIB en l’espace de deux ans. En réalité, atteindre la moyenne de 8 % de logements communautaires de l’OCDE serait un véritable atout. Cela permettrait de renforcer la sécurité en matière de logement, de stabiliser les ménages et d’améliorer les perspectives économiques.

Le développement du logement communautaire nécessite une approche plus efficace et plus rentable de la construction. Investir dans la production de logements en usine peut permettre de réduire les coûts, d’améliorer la qualité et d’accroître l’efficacité énergétique. Le secteur privé de la construction hésite à faire de gros investissements dans ce domaine en raison de la volatilité du marché. Mais le développement de logements communautaires, qui est moins sensible aux fluctuations du marché, peut combler cette lacune. Un modèle de production en usine bien soutenu peut créer des emplois stables, tout au long de l’année, dans des conditions plus sûres, tout en répondant aux besoins urgents du Canada en matière de logement.

La voie à suivre est claire : nous devons prendre des mesures audacieuses et décisives pour construire une économie plus forte et plus résiliente. Investir dans le logement communautaire n’est pas seulement une question d’offrir un toit ; c’est aussi une question de stabilité économique, de création d’emplois et de garantie pour tous et toutes d’une chance équitable de prospérité.

C’est maintenant qu’il faut agir. Mettons-nous au travail.