Récemment, on a beaucoup parlé de la polycrise, une manière intéressante de décrire de grands problèmes multiples, parfois interconnectés. Cette expression semble convenir assez bien à l’état actuel de notre monde.

Avec de multiples guerres, une pandémie qui n’est techniquement pas terminée, une récession imminente et l’incertitude économique, des approvisionnements en médicaments peu sûrs, le changement climatique, un nombre croissant de sans-abri dans nos rues et dans nos parcs, une justice qui se fait attendre depuis longtemps pour les Autochtones et une défaillance du système de logement international, nous avons certainement l’impression de vivre dans une ère de polycrise.

Et si les solutions à ces multiples crises étaient en fait liées ?

L’équipe de l’ACHRU, avec des partenaires de tout le pays, travaille sur une étude économétrique qui quantifiera le lien entre l’augmentation de l’offre de logements communautaires et l’amélioration de la productivité économique. Comment changerons-nous notre façon de résoudre ces crises s’il devient clair que l’augmentation du nombre de ménages canadiens vivant dans des logements communautaires accroît manifestement la productivité économique et le PIB ?

Nous savons que l’augmentation de l’offre de logements communautaires est la réponse la plus efficace à l’itinérance. Il est amplement démontré que des logements abordables, associés à un soutien global dans le cadre d’un modèle de logement d’abord, constituent un moyen efficace d’aider les personnes à sortir de l’itinérance.

Le logement communautaire est également une voie vers la réconciliation au Canada. L’itinérance autochtone est un sous-produit du colonialisme. Le rapport sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées mentionne le logement 229 fois. La vérité, la réconciliation et le droit au logement commencent par un système de logement pour les Autochtones et par les Autochtones.

Il y a un an, le Caucus autochtone de l’ACHRU a organisé un rassemblement national à Vancouver et a lancé un mouvement visant à créer un centre national du logement dirigé par des Autochtones. Après une année de travail acharné, le Logement Coopératif National Autochtone Inc. (NICHI) a ouvert ses portes et est prêt à recevoir des demandes et des déclarations de besoin pour déployer un premier cycle de financement fédéral pour des projets de logement autochtone urbain, rural et nordique, projets qui aideront à répondre aux besoins urgents, non satisfaits et disproportionnés des peuples autochtones.

Au cours des cinq premières années de la Stratégie nationale du logement, la priorité des dépenses a été attribuée à l’offre du marché privé. Des mesures fédérales récentes, comme le remboursement de la TPS sur les logements locatifs, favorisent également les solutions basées sur le marché, alors que les ressources disponibles pour le développement du logement communautaire ont diminué. Pour faire face aux nombreuses crises auxquelles notre pays est confronté, nous devons inverser cette tendance.

Nous devons augmenter les investissements dans le logement communautaire pour faire face à l’incertitude économique. Une offre équilibrée de logements sociaux stabilise le marché du logement, réduit la pauvreté et contribue à la prospérité économique. Si nous ne parvenons pas à augmenter l’offre de logements sociaux, notre économie continuera à se heurter à un goulot d’étranglement.

Nous devons augmenter les investissements dans le logement communautaire pour mettre fin à l’itinérance au Canada. Les programmes annuels ponctuels assortis d’engagements fédéraux à court terme, comme les trois premiers cycles de l’Initiative de création rapide de logements, ne permettent pas de créer une nouvelle offre stable et régulière de logements supervisés spécialisés. Nous pouvons voir le résultat de ce manque d’investissement durable dans les campements de tentes et les installations informelles qui apparaissent dans tout le pays. Le Canada a besoin de programmes spécifiques pour construire et maintenir des logements supervisés.

Nous devons augmenter les investissements dans le logement communautaire afin de créer des logements économes en énergie et respectueux du climat. Les fournisseurs de logements communautaires et les membres de l’ACHRU sont à l’avant-garde de la création de la prochaine génération de maisons (maisons passives, net-zéro, modulaires et même imprimées en 3D) qui réduisent l’impact sur l’environnement.

Nous devons augmenter les investissements dans le logement communautaire pour répondre aux besoins urgents, non satisfaits et disproportionnés des Autochtones en matière de logement. Le logement est un droit, et le logement autochtone, fourni par des services dirigés par des Autochtones, est un droit reconnu à la fois par le droit canadien et le droit international.

En cette Journée nationale du logement, nous pouvons être sûrs que, malgré les nombreuses crises auxquelles le monde et notre pays sont confrontés, le logement communautaire est l’une des solutions. Les membres de l’ACHRU travaillent à la résolution de ces nombreuses crises. Le logement abordable est la clé d’un Canada plus prospère, plus vert, plus juste, plus abordable et plus efficace.

 

Ray Sullivan

Directeur général, ACHRU

 

Ne manquez pas le lancement de l’étude économique de l’ACHRU et de Housing Partnership Canada le 27 novembre.