Le logement abordable et l'itinérance à Londres, en Angleterre
25 Juil 2024
Guest Author
Par Nick Falvo, phd
J'ai récemment contribué à l'organisation d'un voyage d'étude consacré au logement abordable et à l'itinérance à Londres, en Angleterre. À l'occasion de ce partenariat avec le Chartered Institute of Housing Canada et l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine, nous avons pu visiter dix sites au cours d'une période de cinq jours. Notre groupe était composé de trente participant(e)s, la plupart des Canadien(ne)s provenant du secteur sans but lucratif et du gouvernement.
Voici 10 points à retenir :
1. En Angleterre, on constate une prise de conscience et une inquiétude accrues à l'égard de la qualité des logements sociaux existants. Ces inquiétudes ont été fortement soulignées par l'incendie tragique de la tour Grenfell en 2017, durant lequel 70 personnes ont perdu la vie. Au cours des quelques dernières années, un défenseur sur les médias sociaux a également réussi à attirer l'attention de manière très efficace sur le problème de la qualité des logements sociaux partout en Angleterre.
2. Dans le même ordre d'idées, les rapports avec les locataires de logements sociaux représentent également un problème de plus en plus important. Plentific, une solution de type Uber offrant des services de réparation et d'entretien des logements, pourrait faire partie de la solution. Cette compagnie met les entrepreneurs en relation avec les logements, accélérant ainsi les travaux. Plentific offre une plateforme logicielle qui permet aux locataires de suivre le progrès des travaux au fur et à mesure qu'ils se déroulent et d'évaluer la qualité du travail, de la même manière qu'un client Uber peut suivre l'avancement de sa course et évaluer le chauffeur.
3. Les nouveaux immigrants sont devenus des boucs émissaires. De nombreuses personnes qui vivent l'itinérance visible à Londres ne parlent pas l'anglais, car très peu d'entre eux viennent du Royaume-Uni (R.-U.). D'ailleurs, près de 80 % des personnes qui dorment à la dure à Londres aujourd'hui ne ne sont pas originaires du R.-U., ce qui rend difficile l'obtention d'un soutien financier pour remédier à la situation. On parle souvent de « l'itinérance de la migration ».
4. Le logement à occupation mixte est bel et bien une nouvelle tendance pour les fournisseurs de logements à but non lucratif. Poplar HARCA, par exemple, a acquis un parc de logements au cours des années par l'entremise de transferts de ce qui était autrefois des logements sociaux (c.-à-d. des logements publics). Au départ, ils possédaient 80 % de logements sociaux. Aujourd'hui, ils approchent les 50 % (mais non pas en réduisant le parc de logements sociaux total ─ en fait, ils ont fait augmenter le parc de logements sociaux total, mais pas aussi rapidement que les autres types de logements.) Un des avantages du modèle mixte est qu'il permet des subventions croisées (p. ex., le revenu locatif de certains logements aident à subventionner le loyer d'autres logements.)
5. Les coentreprises peuvent aider à résoudre le problème de l'abordabilité du logement. Peabody, une association de logement à but non lucratif, manque de compétences internes en matière de construction; elle choisit donc de s'associer à des promoteurs privés tels que Mount Anvil. Pour certaines des unités créées, les baux sont vendus à des propriétaires privés; cependant, Peabody récupère les logements abordables une fois la construction achevée, ce après quoi l'association est dissoute. En théorie, Peabody achète les logements abordables à la coentreprise, et en ce qui a trait aux logements privés, Peabody touche 50 % des bénéfices de la vente aux propriétaires privés.
6. Certains des fournisseurs de logements à but non lucratif de Londres sont de très grande taille. L&Q Housing détient plus de 108 000 logements. Parmi ces derniers, on compte 64 000 logements sociaux de location (c.-à-d. aux loyers très bas). L&Q compte au-delà de 4 000 employés, dont environ 450 font partie de l'équipe de développement. En grande partie en raison de sa taille, L&Q est capable d'emprunter sur le marché des obligations et peut ainsi bénéficier de taux d'intérêt inférieurs à ceux des prêts traditionnels.
7. Les refuges d'urgence de Londres ont tendance a être plus petits que ceux des grands centres urbains de l'Amérique du Nord. Au cours des années, plusieurs grands refuges ont fermé leurs portes. D'autres ont été reconvertis afin de pouvoir offrir des logements plus indépendants de style appartement (cette tendance a pris de l'ampleur durant la pandémie de COVID.) En règle générale, la ville de Londres n'accueille pas plus de 100 personnes dans un même refuge d'urgence.
8. Londres dispose de plusieurs bases de données sur les clients. In-Form est la base de données sur les clients principale de l'Angleterre et est utilisée par 335 organisations (il y a 27 000 licences, ce qui représente 50 % de chaque employé du secteur de l'itinérance en Angleterre). CHAIN, utilisée pour aider les personnes qui dorment à la dure, est employée par les 35 équipes de proximité de Londres. Street Link est également destinée aux personnes qui dorment à la dure, mais comprend une application qui permet aux membres du grand public de les appeler lorsqu'ils rencontrent quelqu'un qui dort dans la rue.
9. La traite des êtres humains est un problème très important dans le secteur de l'itinérance à Londres. Par exemple, la « mendicité agressive » est parfois organisée par des gangs, et les passeports de certains mendiants sont parfois confisqués afin de pouvoir les rançonner. Pour aider à résoudre ce problème, The Passage dispose d'une équipe anti-esclavagiste qui apporte son soutien aux survivants de l'esclavage moderne qui sont sans-abri ou qui risquent de le devenir à Westminster (centre de Londres).
10. St Mungo’s est un organisme qui coordonne des initiatives « de proximité » dans les prisons. St Mungo’s tente à la fois d'empêcher l'expulsion des détenus récemment incarcérés et de leur trouver un logement (et une aide au revenu) aux personnes qui sont sur le point de quitter la prison. Cet organisme est dorénavant présent dans 10 prisons de Londres, emploie près de 30 employés à temps plein et sous-traite 15 autres postes auprès d'une agence partenaire. Le personnel se concentre sur les 8 dernières semaines de la peine du détenu, en partie parce que cela ne sert pas à grand-chose de trouver un logement pour un individu avant cela.
En résumé. Ce billet de blogue offre un aperçu d'un voyage d'étude de cinq jours organisé en partenariat avec le Chartered Institute of Housing Canada et l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine. Notre prochain voyage d'étude se déroulera à Helsinki, en Finlande, du 22 au 26 septembre 2025 (si vous désirez rester au courant des derniers développements concernant ce voyage d'étude, veuillez communiquer avec Mel Willerth à l'adresse mel@chra-achru.ca).
Je tiens à remercier Bob Regnier, Sylvia Regnier et Annick Torfs pour l'aide qu'il/elles m'ont apportée dans la préparation de ce billet de blogue, qui a été initialement publié sur la page d'accueil de Nick Falvo Consulting : https://nickfalvo.ca/