La reprise des travaux parlementaires le 26 mai marquera le début d’un chapitre décisif dans la réponse du Canada à la crise du logement. Cette semaine, le premier ministre Carney a annoncé la composition de son Cabinet, dans lequel Gregor Robertson a été assermenté en tant que nouveau ministre du Logement, de l’Infrastructure, et responsable du développement économique Canada pour le Pacifique. Ces premiers jours du gouvernement constituent une période déterminante pour définir l’orientation de la politique du logement et veiller à ce que les initiatives fédérales répondent véritablement aux besoins des collectivités partout au pays.

L’un des engagements les plus importants et les plus susceptibles de transformer la situation pris pendant la campagne électorale a été la création de Maisons Canada (MC), une nouvelle agence fédérale chargée d’accélérer la construction de logements et de s’attaquer à la crise du logement. Cette société d’État sera un élément clé du plan du Parti libéral en matière de logement, qui vise à aider le Canada à atteindre 500 000 nouvelles mises en chantier par an.

Pour le secteur du logement communautaire, voici une occasion essentielle à saisir.

Le gouvernement fédéral a indiqué que MC apportera des ressources substantielles : 25 milliards de dollars de financement pour soutenir le secteur en pleine croissance de construction de maisons préfabriquées innovantes, en particulier lorsqu’il utilise des technologies et des matériaux canadiens, tels que le bois massif et le bois d’œuvre résineux. En outre, l’agence disposera de 11,8 milliards de dollars de financement à faible coût et de capitaux réservés spécifiquement aux « constructeurs de logements abordables ».

Ces investissements dans le logement communautaire peuvent s’avérer un outil essentiel pour aider à construire le type de logement qui permettra d’assurer l’équité et l’accessibilité à long terme dans notre système de logement. Nous savons que le Canada n’a pas seulement besoin de plus de logements, mais aussi de logements adéquats : des logements sûrs, très abordables, adaptés à la culture et construits pour répondre aux besoins de collectivités diversifiées.

Bref, le Canada a besoin de plus de logements communautaires. Nous devons plus que doubler la part de ces logements, qui représente moins de 4 % de l’ensemble, pour la porter à plus de 8 % au cours de la prochaine décennie. Cela inclut de quadrupler l’offre de logements communautaires destinés aux Autochtones et construits par eux.

Les fournisseurs de logements communautaires sont depuis longtemps en première ligne de la crise du logement. Nous savons comment faire fructifier chaque dollar, comment nous adapter rapidement aux besoins locaux et comment innover de manière à servir les gens, et non pas seulement les marges bénéficiaires. Partout au pays, notre secteur a démontré à maintes reprises qu’il tient ses promesses. Nous avons construit des logements permanents pour les personnes qui sortent de l’itinérance. Nous avons créé des logements ancrés dans la culture pour les peuples autochtones des milieux urbains, ruraux et nordiques. Nous avons conçu des bâtiments écoénergétiques et durables qui sont bons pour les gens et pour l’environnement.

Le secteur est uni par un engagement fondamental : créer pour la population autant de logements abordables et de qualité que possible. En collaborant avec les fournisseurs de logements communautaires, le gouvernement fédéral peut tirer parti de décennies d’expérience et d’une grande créativité, d’une détermination sans faille et d’une capacité à résoudre les problèmes. À un moment qui exige urgence et ambition, notre secteur est prêt à prendre les devants.

Alors que Maisons Canada commence à prendre forme, probablement avec les grandes lignes de sa conception initiale présentées dans le prochain budget fédéral, le secteur du logement communautaire doit avoir son mot à dire. À l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine (ACHRU), nous prenons déjà des mesures pour que cela se fasse.

Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, l’ACHRU collaborera directement avec les responsables fédéraux, ministres du Cabinet, députés et hauts fonctionnaires, afin de revendiquer une agence MC qui accordera la priorité au secteur du logement communautaire. Nous nous appuierons sur l’expertise de chercheurs, de spécialistes des politiques et de nos membres à travers le pays afin de présenter concrètement ce qui fonctionne, ce qui est nécessaire et comment le gouvernement fédéral peut rendre cette agence véritablement efficace.

Nous nous engageons à être un partenaire constructif et axé sur les solutions. Cela exigera une réflexion créative et beaucoup de travail, mais c’est ce que notre secteur fait le mieux. Nous ferons également appel à notre réseau pour nous assurer que vos idées, vos expériences et vos solutions sont au cœur de notre action.

Il ne s’agit pas seulement de programmes et de financement, mais aussi de tracer la voie vers un système de logement qui fonctionne pour tout le monde. À l’ACHRU, notre objectif à long terme est clair : nous voulons doubler la part du logement communautaire au Canada et quadrupler le nombre de logements autochtones en milieu urbain, rural et nordique. Ce ne sont pas seulement des chiffres, mais une vision d’un Canada où personne n’est laissé pour compte.

MC pourrait jouer un rôle important dans la réalisation de cette vision. Mais elle doit être construite en partenariat avec le secteur du logement communautaire. Seulement ainsi pourrons-nous garantir que les investissements fédéraux se traduiront par des logements vraiment abordables, fournis de manière efficace, équitable et avec un impact à long terme.

Avec la reprise des travaux parlementaires et le début de la mise en œuvre du nouveau programme de logement du gouvernement, nous entrons dans une période de possibilités réelles. Si cela est bien exécuté, MC peut nous aider à évoluer vers un système de logement plus équitable, inclusif et juste, qui reflète le meilleur de ce que le Canada a à offrir.

Nous sommes prêts à nous mettre au travail.