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Dix choses à savoir sur l’itinérance à New York

17 Août 2023

Guest Author

Par Nick Falvo, PhD

 

J’ai récemment participé à l’organisation d’un voyage d’études sur le sans-abrisme à New York, en partenariat avec le Chartered Institute of Housing Canada (CIH Canada.) Notre groupe était composé de 30 Canadien∙nes issu∙es du secteur à but non lucratif, du gouvernement, des forces de l’ordre et du monde universitaire. Nous avons visité six sites sur une période de trois jours.

 

Voici 10 choses à savoir :

  1. La ville de New York compte une population massive de sans-abris. Plus de 75 000 personnes, dont plus de 20 000 enfants, dorment chaque nuit dans les principaux abris municipaux de la ville. Bien que problématique, la taille même de sa population de gens vivant en situation d’itinérance fait de New York un lieu important pour l’apprentissage des réponses politiques et programmatiques.
  1. Les droits légaux ne produisent pas toujours les résultats attendus. Les New Yorkais∙es ont un « droit à l’hébergement » qui leur a été accordé en 1981 par un décret de consentement — essentiellement un règlement à l’amiable — de la Cour suprême de l’État de New York. En vertu de ce décret, la ville a l’obligation légale de placer les personnes non logées dans des abris dans les 24 heures, faute de quoi elle peut se voir infliger une amende. L’une des critiques formulées à l’égard de ce droit est qu’il incite à créer davantage de places dans les centres d’hébergement, possiblement au détriment du logement permanent. 
  1. Certaines personnes sans domicile bénéficient de refuges à faibles barrières. L’un de ces modèles, à New York, est celui des Safe Havens, conçus pour les personnes qui ont connu une longue durée en situation d’itinérance et qui peuvent être réfractaires aux centres d’hébergement traditionnels. Les Safe Havens n’imposent généralement pas de conditions de sobriété ni de couvre-feu. Les ordonnances d’interdiction sont rares et une personne peut s’absenter plusieurs nuits sans perdre son lit.
  1. D’autres peuvent être prêt∙es pour des approches plus programmatiques. Le Bergen County Housing Center cherche à loger les personnes dans les 90 jours suivant leur entrée dans son établissement. Toute personne souhaitant y rester doit être prête à travailler sans relâche à la recherche d’un logement. Selon le directeur du centre de logement : « Lorsqu’une personne reçoit une offre de logement, nous exerçons une forte pression sur elle pour qu’elle l’accepte. » 
  1. Même dans les centres d’urgence, il est possible de créer une certaine intimité pour les résident∙es. Au Westchester Avenue Safe Haven, géré par BronxWorks, personne n’est obligé de partager une chambre et chaque résident∙e a sa propre salle de bain et sa propre télévision. Cela dit, les résident∙es n’ont pas la clé de leur chambre et les murs qui l’entourent n’atteignent pas toujours le plafond (ce qui les fait ressembler à des espaces de bureau.) 
  1. La mixité des locataires est importante. Community Access est un organisme à but non lucratif qui possède et gère un immeuble à 215 logements supervisés dont les locataires comprennent des familles avec enfants, ainsi que des adultes célibataires connaissant de graves défis de santé mentale. La plupart des locataires peuvent rester dans leur logement indéfiniment (iels ne sont pas obligés de passer à d’autres formes de logement). Tous les logements gérés par Community Access sont « intégrés, » ce qui signifie que certains locataires ont de graves problèmes de santé mentale et d’autres non. Cette approche est largement imposée par les réglementations municipales et étatiques. 
  1. Les bibliothèques publiques peuvent jouer un rôle important dans le secteur de la prise en charge des sans-abris. La bibliothèque publique de Brooklyn travaille en partenariat avec 13 refuges familiaux. Elle leur apporte des livres, donne aux enfants leur première carte de bibliothèque et les encourage à visiter leur bibliothèque locale. Cela encourage les parents à emmener leurs enfants à la bibliothèque et peut favoriser l’alphabétisation des parents et des enfants.
  1. L’engagement auprès de la police. Le Center for Urban Community Services (CUCS) organise des formations de quatre jours pour tous les agent∙es de la New York City Police Department (NYPD) dans le cadre d’une initiative nationale appelée Crisis Intervention Training (Formation à l’intervention en cas de crise.) Cette formation fait appel à des comédien∙nes professionnel∙les dans un centre de formation ayant des reproductions de wagons de métro. Au cours de la formation, des personnes ayant vécu des problèmes de santé mentale, ainsi que des représentant∙es des forces de l’ordre, racontent leur histoire. Le CUCS et la NYPD ont élaboré conjointement le programme de formation.
  1. L’engagement avec le secteur pénitentiaire est important. Les responsables du Bergen County Housing Center donnent la priorité à la population carcérale. Leur personnel se rend à la prison du comté de Bergen — un établissement de 1 000 détenus situé juste en face — et amène les personnes directement au centre d’hébergement à leur sortie de prison. Cette approche nécessite une collaboration avec le personnel de la prison dès le début pour identifier les détenus qui n’ont pas de logement permanent. 
  1. Les programmes sont importants, mais l’aide au revenu l’est tout autant. Nous avons pris connaissance d’un programme pilote pour les jeunes sans-abri appelé Trust Youth Initiative, une étude contrôlée randomisée dans trois villes où 1 200 dollars par mois sont fournis aux membres d’un groupe de traitement pendant 2,5 ans (les membres d’un groupe de contrôle reçoivent les services habituels, mais pas les 1 200 dollars par mois en argent comptant.) Les partenaires du projet sont Point Source Youth et le Ali Forney Center. La recherche est dirigée par Chapin Hall de l’Université de Chicago.

 

En conclusion. Ce billet de blogue donne un aperçu d’un voyage d’étude de trois jours sur l’itinérance qui était un partenariat entre le Chartered Institute of Housing Canada et Nick Falvo Consulting. Un résumé plus détaillé du voyage d’études est disponible ici. Nous espérons en faire un événement annuel, notre prochain voyage d’études devant avoir lieu à Londres (Angleterre) en mai 2024.

 

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur aide avec ce billet de blogue, qui a été initialement publié sur la page d’accueil de Nick Falvo Consulting : https://nickfalvo.ca/