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Accès au logement holistique pour les adultes 2SLGBTQ+

06 Juin 2024

Guest Author

En avril dernier, les sessions du Congrès national 2024 de l’ACHRU ont approfondi des questions urgentes pour le secteur du logement et de l’itinérance au Canada. Les conférenciers Naheed Hosan et Anne-Marie Parent de la Société de recherche sociale appliquée se sont joints à nous pour discuter de leur travail en cours, Identité queer et logement : Co-conception de l’accès au logement holistique pour les adultes 2SLGBTQ+ au Canada. Lisez la suite pour en savoir plus.

 

Le contexte

La Société de recherche sociale appliquée (SRSA) est un organisme caritatif canadien à but non lucratif qui, depuis plus de 30 ans, s’est donné pour mission de fournir un soutien de qualité en matière de recherche et d’évaluation afin d’aider à une prise de décision éclairée par des données probantes.

L’étude de la SRSA, Identité queer et logement : Co-conception de l’accès au logement holistique pour les adultes 2SLGBTQ+ au Canada, est réalisée en partenariat avec le Canadian Observatory on Homelessness (COH) et Mentor Canada. Elle est financée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Ce projet de recherche, déjà commencé et d’une durée de deux ans, s’achèvera en mars 2025.

L’objectif de l’étude est de déterminer la meilleure façon de s’assurer qu’un plus grand nombre d’adultes 2SLGBTQ+ peuvent accéder à des soutiens globaux qui leur permettent de s’épanouir dans leur logement. Il s’agit d’identifier de possibles solutions élaborées en partenariat avec des personnes ayant une expérience vécue, les parties concernées par le logement et les responsables politiques à tous les ordres de gouvernement.

Cette étude comparative de cas explore les conditions favorables, ainsi que les obstacles, à l’accès à un logement holistique pour les personnes 2SLGBTQ+, de l’âge adulte à la vieillesse. Les partenaires ont précédemment mené une étude similaire axée sur les jeunes, cartographiant les parcours des jeunes queers et trans à travers le logement et les services connexes. Les jeunes et les prestataires de services l’ont conçue ensemble et en ont validé les résultats qui comprennent un prototype de continuum de logement pour les personnes queer ainsi que des solutions réalisables.

 

L’écart

L’itinérance et l’insécurité de logement chez les adultes et les personnes âgées 2SLGBTQ+ ont reçu moins d’attention dans les sphères de la recherche et des politiques que celles des jeunes.

La revue de la littérature sur le sujet a montré que :

  • Les refuges d’urgence fonctionnent souvent sur le genre binaire, ce qui peut être angoissant pour les adultes transgenres qui peuvent ne pas se sentir à l’aise de recevoir des services de ce type.
  • La discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre est une cause importante d’itinérance chez les adultes 2SLGBTQ+.
  • Les adultes 2SLGBTQ+ plus âgés craignent d’être confrontés à l’homophobie, à la biphobie et à la transphobie dans le domaine du logement. Certains adultes plus âgés retournent même « dans le placard ».

Les premiers entretiens avec les personnes clés ont révélé que :

  • De nombreux adultes 2SLGBTQ+ se concentrent sur la survie, la sécurité, l’acceptation et le sens de la communauté et de la connexion sociale, face à l’intolérance, à l’hostilité, à la violence et à la désinformation.
  • Le début de l’âge adulte peut être une période difficile pour les personnes 2SLGBTQ+, en particulier pour les jeunes qui quittent le système de prise en charge. De nombreux jeunes adultes bénéficieraient alors d’options de logement « passerelle ».
  • Les adultes 2SLGBTQ+ plus âgés ont des besoins urgents quant aux considérations de fin de vie, aux testaments et aux directives médicales, ainsi qu’au fait d’être « exclus » dans certains endroits tels que les soins de longue durée.
  • Les organismes de services aux personnes queers et transgenres manquent de fonds et de ressources, et lorsque ces personnes tentent d’accéder aux services traditionnels, elles sont victimes de discrimination et d’exclusion.
  • Les adultes 2SLGBTQ+ sont confrontés aux effets combinés de l’augmentation des loyers, des rénovations et de la discrimination de la part des propriétaires et des voisins, ainsi qu’à l’absence de protection des locataires.
  • La confluence de diverses causes est une préoccupation majeure : ainsi, les adultes 2SLGBTQ+ peuvent être victimes de plusieurs niveaux de discrimination, y compris le racisme et la discrimination fondée sur la capacité physique.

 

L’identification des communautés pour l’étude comparative de cas

L’équipe de recherche a adopté ici une méthodologie d’étude de cas, parce que les considérations contextuelles influencent beaucoup les conditions favorables comme les obstacles particuliers que les adultes 2SLGBTQ+ rencontrent dans le domaine du logement.

L’équipe a entrepris d’étudier de manière très large les expériences de logement des adultes queer et trans, certains vivant dans des communautés où l’offre de logements 2SLGBTQ+ et de services afférents est relativement élevée (généralement dans les centres urbains), et d’autres vivant dans des communautés où l’offre est relativement faible (généralement dans les zones rurales).

L’équipe a dressé une liste de facteurs susceptibles d’influer sur les inégalités de logement subies par les adultes 2SLGBTQ+ dans une communauté donnée :

  • La disponibilité des données existantes et la faisabilité de la collecte de nouvelles données.
  • L’importance avec laquelle les élus locaux et les dirigeants communautaires s’engagent dans une défense active contre l’itinérance et pour le logement ou pour le bien-être de la communauté 2SLGBTQ+, l’existence d’une stratégie locale de lutte contre l’itinérance et pour le logement, et les protections existantes des droits des locataires.
  • La disponibilité et la facilité d’accès aux services locaux.
  • Les tendances démographiques, la densité de population et le potentiel d’engagement des membres de la communauté locale, des nouveaux arrivants et d’autres groupes.
  • Les conditions du marché du travail local, les taux d’inoccupation des logements, le rapport entre l’offre et le coût du logement, le coût de la vie et les taux de pauvreté.
  • La visibilité et la force de la communauté queer et trans, comme, par exemple les quartiers identifiés comme tels, les entreprises appartenant à des personnes queers, les événements de la fierté gaie, la représentation dans la fonction publique, les attitudes et opinions favorables du public et la disponibilité de ressources spécifiques aux personnes 2SLGBTQ+.
  • Le bien-être général de la communauté, y compris la santé mentale et physique, la cohésion et la responsabilité sociales, la sécurité physique, les liens qu’entretient la communauté, etc.
  • La facilité avec laquelle les acteurs locaux du logement et les 2SLGBTQ+ sont identifiables et joignables, et leur capacité à contribuer à la recherche.

Avec cette liste de facteurs en tête, l’équipe a choisi deux communautés pour l’étude de cas comparative : Saskatoon et Halifax et leurs zones rurales environnantes.

 

Saskatoon et Halifax

Saskatoon (sâskwatôn ; ᓵᐢᑿᑑᐣ) et Halifax (K'jipuktuk) sont toutes deux considérées comme des villes de taille moyenne, mais leurs paysages immobiliers sont très différents. Halifax est actuellement confrontée à une grave pénurie de logements locatifs. Le coût des refuges a augmenté et les taux d’inoccupation ont chuté de façon spectaculaire ces dernières années, alors que les coûts de location à Saskatoon sont considérés comme favorables par rapport à d’autres villes du Canada, bien que cette accessibilité ait commencé à diminuer.

Saskatoon compte de nombreuses organisations locales offrant un soutien aux personnes 2SLGBTQ+, notamment OUTSaskatoon, USSU Pride Centre à l’Université de Saskatchewan, Queer Seniors of Saskatchewan, 2 Spirits in Motion Society et Saskatoon Two-Spirit Society Inc.

À Saskatoon, on a développé des initiatives innovantes en matière de logement queer, comme Pride Home (OUTSaskatoon), un établissement résidentiel pour les jeunes 2SLGBTQ+ âgés de 16 à 21 ans, qui vise à contribuer au bien-être global des jeunes dans une communauté dynamique et en pleine évolution. Cependant, l’une des principales conclusions d’une évaluation des besoins et d’un rapport communautaire sur les personnes âgées homosexuelles en Saskatchewan a révélé que 50 % des participants à l’enquête n’ont toujours pas confiance en leur capacité à trouver des logements assistés ou des choix de soins de longue durée qui accueilleront et accepteront leur identité en tant que personnes 2SLGBTQ+ (Loewen et coll., 2023).

Selon le recensement de 2021, Halifax est la deuxième ville la plus diversifiée sur le plan du genre au Canada, derrière Victoria. Les personnes 2SLBGTQ+ de Halifax sont représentées dans le monde des affaires et dans des organisations locales de premier plan. La Halifax Pride organise des événements tout au long de l’année et sa page web comprend des ressources pour les nouveaux arrivants et les réfugiés à Halifax qui s’identifient comme 2SLGBTQ+. La South House, un centre de justice de genre à temps plein, offre des ressources telles que des ateliers, des programmes éducatifs et des références pour soutenir les membres de la communauté.

Dans ces deux villes, les personnes 2SLBGTQ+ représentent un pourcentage disproportionné de la population itinérante. Des recherches et des statistiques confirment la recherche de la SRSA. S’engager auprès des communautés 2SLGBTQ+ actives dans ces villes est impératif afin de garantir la pertinence, l’exactitude et les considérations éthiques de la présente recherche en ce qui concerne les défis et les besoins uniques des adultes 2SLGBTQ+.

 

Les prochaines étapes

L’équipe de recherche travaille présentement à l’élaboration conjointe d’instruments d’étude pour la collecte de données et à la soumission d’une demande d’examen éthique. Elle mènera par la suite des entretiens auprès d’adultes 2SLGBTQ+, des acteurs locaux du logement et des groupes 2SLGBTQ+, et avec des responsables.

Nous attendons impatiemment une mise à jour de l’équipe sur les résultats et les recommandations de l’étude.

 

Souhaitez-vous en savoir plus ou participer à une entrevue? Communiquez avec Naheed Hosan et Anne-Marie Parent de la Société de recherche sociale appliquée.

Ce billet a été rédigé en collaboration avec les intervenants Naheed Hosan et Anne-Marie Parent ainsi que l’équipe de la SRSA travaillant sur ce projet.